Avec force et volonté, il a érigé de ses bras musclés les murs de son palais. Dressés tels des remparts, rien n’est laissé au hasard. Rien ne peut pénétrer ou filtrer. Tout est bien pensé, cloisonné, verrouillé et parfois même fermé à clé. Seul l’appel à la prière, transporté par les vents, peut traverser. C’est ainsi seulement que, de l’intérieur, elle peut se relier.
Ce labyrinthe elle a su l’apprivoiser pour mieux l’habiter. Un jardin au centre de cette tour carrée, elle a planté. Semer, bêcher, désherber, arroser, telle est sa destinée. Prendre soin de sa terre. Celle sur laquelle elle est enracinée. Celle qu’elle a pour mission de faire fructifier. Elle sait aussi rire et pleurer. Danser et chanter. Cuisiner. Laver. Trier et jeter. Embrasser et caresser. Aimer. Méditer et prier. Nulle fenêtre pour regarder, pour s’éparpiller ou se disperser. C’est uniquement vers son foyer qu’elle a le regard tourné pour ainsi entretenir la flamme de ce cœur qui ne demande qu’à être aimé.
C’est ici qu’elle va cultiver son jardin intérieur. Et c’est seulement voilée qu’elle a le droit de s’en aller pour chercher des denrées. De quoi nourrir et alimenter son bien-aimé.
Elle est ce symbole de l’intériorité que nul homme ne veut exhiber. Ce Féminin Sacré qu’il porte en lui et qu’il préfère cacher par peur de se voir déshabillé. De se laisser submerger et dépasser par sa fragilité et sa vulnérabilité. Symbole de son humanité, de son incapacité à tout régenter et contrôler, il n’est pas prêt à se laisser déposséder au risque de se sentir cabossé ou broyé.Elle est son foyer. La source de sa fécondité. La terre sur laquelle il peut s’appuyer et s’ancrer. Une source d’énergie et de vie au sein de laquelle il vient puiser la force dont il a besoin pour penser, décider, agir, construire, diriger… travailler et voyager dans toute la contrée. La femme voilée protège ce qui ne peut être dévoilé : le cœur même de toute intimité.
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