Qu’est-ce que c’est ?
Je ne me rappelle ni quand ni comment le terme « écologie » a fait son entrée dans ma vie. Enfin si : en « vert », placardé par un parti politique, ce qui ne m’intéressait pas. J’avais bien d’autres sujets dont m’occuper. À commencer par exister sans me sentir niée ; réussir à respirer sans me sentir asphyxiée. En d’autres termes, à commencer par trouver ma place sur cette terre. Le reste, je le considérais trop loin, trop grand, trop compliqué. Bercée par « économie », bercée par l’économie et, à entendre les adultes, toujours en crise.
Depuis, le terme « écologie » est arrivé, bien présent, là, à tout bout de champ. À tout bout de chant.
Le terme « écologie » a été introduit en 1866 par le biologiste et naturaliste allemand Ernst Haeckel (1834-1919). Bâti à partir du grec « oikos », maison, et « logos », discours, il désigne la « science de l’habitat », c’est-à-dire l’étude des conditions dans lesquelles vivent les espèces et de leurs relations avec leur milieu. Il fait également référence à un mouvement associatif et politique, qui connaît un important développement depuis les années 1970, en faveur d’une meilleure prise en compte de l’environnement dans les sociétés humaines, de l’amélioration de la qualité de la vie, du respect de l’équilibre des milieux naturels et d’une gestion durable de leurs ressources. L’écologie s’est développée en intégrant les connaissances de la biologie et d’autres sciences, aussi diverses que la climatologie, la géologie ou l’économie.
Au départ, « écologie » désigne donc une « science de l’habitat » dont le diagnostic aujourd’hui semble lourd, très lourd ; la maison brûle ! Quand je découvre l’étendue des dégâts, quand je découvre mon inconscience — notre inconscience ! —, colère et tristesse m’envahissent. Comment ai-je pu ainsi passer à côté ? Peu importe, l’heure est venue désormais de me réveiller ; de nous réveiller. Et c’est avec une certaine paix retrouvée que je me sens désormais appelée à revisiter ma place sur cette terre et à changer mon mode de vie. Seule issue, me semble-t-il, pour prendre ma part de responsabilité en tant que citoyenne de ce monde ; seule issue pour participer à restaurer ce que nous avons sauvagement massacré.
Ainsi la question de l’écologie, qui me semblait très éloignée, perchée même, me ramène-t-elle aujourd’hui à moi, être humain, citoyenne de ce monde, et à mon pouvoir d’action. Elle me ramène à la Terre, elle me ramène à Ma Terre. De la même manière que nous avons été capables de créer des déséquilibres majeurs sur notre planète Terre — auxquels du haut de ma petite taille j’ai participé —, de la même manière, je nous crois en mesure de restaurer ce que nous avons détruit.
« Sois le changement que tu veux voir dans le monde » disait Mahatma Gandhi. Il n’y aura pas d’écologie sans écologie intérieure. Il n’y aura pas de respect de l’environnement possible sans respect de notre nature humaine ; sans respect de ce que nous sommes, intrinsèquement, à savoir des êtres humains, vivants. L’état de notre planète Terre est le reflet de ce que nous sommes, de nos terres intérieures, maltraitées, désertées voire inhabitées.
L’environnement, c’est moi, c’est vous, c’est nous. Il est à l’image de ce que nous mangeons, de ce que nous pensons, de ce que nous aimons, de ce que nous croyons, de ce que nous consommons, de ce que nous dormons, de ce que nous vivons. Il est à l’image d’une société de consommation que nous avons construite sur des valeurs d’avidité, de cupidité, de peur, d’arrogance, d’orgueil, de pouvoir sans limites.
Il n’y aura pas d’écologie sans écologie « intérieure ». Sans prise de conscience de la nécessité de prendre soin de notre corps humain dans toutes ses dimensions : physique, énergétique, psychologique, mentale, émotionnelle. Il y va de la nécessité de prendre soin de notre planète Terre, intérieure, celle où tout prend corps. Quelle est donc la nature du lien que nous entretenons avec notre être ? Que lui donnons-nous à manger, à boire, à penser, à ressentir, à écouter, à regarder, à toucher, à faire, à vivre ? Quel est notre rythme de vie ?…
Quelle est la nature du lien que nous entretenons avec les autres êtres vivants humains ? Notre famille, nos compagnes et nos compagnons, nos amis, nos partenaires, tous ceux et celles que nous sommes amenés à rencontrer dans notre quotidien, sans oublier le boulanger, le boucher, le pharmacien, la caissière, le clochard et j’en oublie…
Quelle est la nature du lien que nous entretenons avec la terre, la nature ? Quel temps passons-nous à la rencontrer ? Quelle place a-t-elle dans notre vie ? Sommes-nous à l’écoute des saisons ? Comment traitons-nous nos déchets ? Quelle est la nature des aliments que nous achetons ? Quel lien entretenons-nous avec les minéraux, les êtres vivants végétaux et animaux ? Toutes ces questions concernent chacun.es d’entre nous. Elles parlent de notre responsabilité individuelle et sociétale. Notre priorité, là où réside notre seul pouvoir : « notre habitat » et le lien que nous entretenons, non seulement avec nous-mêmes, mais aussi avec tout ce que la vie nous amène à rencontrer. Nous-mêmes, les autres, la nature.
Si l’écologie est une science qui parle de l’étude des êtres vivants et de leurs relations avec leur milieu, « l’écologie du lien » concerne plus spécifiquement l’être vivant « humain ». L’écologie du lien interroge le rapport que chacun entretient avec « son milieu » : son corps, ses pensées, ses émotions, ses sentiments, ses comportements, ses croyances, ses valeurs, ses attitudes ; celui aussi qu’on entretient avec son environnement : son travail, sa vie affective, sa vie familiale, sa vie sociale, la terre, la nature.
L’écologie du lien n’est pas une science, elle est née d’une prise de conscience de la nécessité de prendre soin du lien, de le nourrir, de le chérir, de le réparer, de le restaurer. Dans un environnement où tout est lié et relié. Dans un environnement où toute rupture de lien entraîne des déséquilibres majeurs. Individuels et collectifs.
L’écologie du lien est née de la nécessité de réveiller les consciences au regard d’une humanité qui, au fil de son évolution, s’est désincarnée, déshumanisée en se coupant de la nature. L’écologie du lien trouve son cœur et son poumon dans les histoires de vie, avec comme intime conviction que c’est en restaurant le lien avec la nature que l’être humain pourra la réhabiliter. Et ainsi recouvrer le lien avec sa propre nature « d’être vivant ». Avec la nature comme « maîtresse ». Et non lui-même. Avec toi, la Terre, comme mère nourricière. Toi qui nous montres la voie si nous voulons bien écouter ta voix. Toi qui nous sauveras si nous acceptons de te rencontrer.
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